un nouveau rêve des jas - par marianne simond

Une reine des rainettes -

La Grande Dame est partie, Elle avec une majuscule ; mais les jas sont encore là, ceux où l'on se couche pour se relever, comme celui qui perd, pendiculaire à la verge, toute occasion de ne rien faire. Et Dino en a rêvé, d'abord la bergerie, puis ce truc pour les navires. Il a sauté de la montagne à la mer, la montagne il y vivait, Elle avec une majuscule allait se reposer tout près de l'eau.            Ce saut de grenouille, ce sot qui n'est que nouille, lui a bien paru peu glorieux, pour le relater à la Grande Dame, et ça tombait bien puisqu'il ne pourrait plus lui parler. Mais ça tombait mal aussi, parce que, même avec sa propre bergerie, près de l'étang, et même si le bateau de papier, voguant sur l'eau de la fontaine était bien à lui, il avait besoin de l'avis de la Grande Dame.          Le dilemme était de s'en passer ou de l'inventer, l'imaginer. Il se résolut à la deuxième solution.  Qui équivalait quand même à la première, et ainsi, de dilemme il n'y avait plus.               Il décida de temporiser, il serait bien temps, dans quelques nuits encore, de se décider à abandonner le tapioca, le passé, les embrouilles et les copains fous, ou de reprendre du poil de la bête pour affronter toutes ces bizarreries et y chercher du sens.          Mais tout de même, à moi, il me parla succinctement : "j'ai rêvé que j'était là-haut, que de la bergerie où je n'avais pas osé entrer à cause du mouton noir, dont je ne savais même plus si c'était une autre de mes identités, j'étais descendu le long du chemin, vers la vallée, et après un virage qui m'avait fait perdre de vue mon but tout en bas, c'est la mer que j'avais vue former ses vagues près du rivage et me bercer, de son haleine sonore et de ses écumes récurrentes. J'étais bien, près de l'eau et je ne me souciais plus du mouton noir ni de ses clones."